Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), rien n’arrêtera plus maintenant la percée des véhicules électriques à batteries, même si leur technologie, leur compétitivité et les infrastructures de recharge doivent encore être grandement améliorées. Mais la pression des gouvernements et des constructeurs est telle que les consommateurs auront de moins en moins d’alternatives. Peut-être à terme les véhicules électriques à hydrogène et pile à combustible en seront une. Mais d’abord les camions et les utilitaires bien avant les voitures particulières. Les centaines de milliards de dollars et d’euros investis par les constructeurs dans l’électrique à batteries sont de toute façon une raison nécessaire et suffisante pour freiner l’hydrogène.
Le tournant de 2020
L’AIE souligne dans une étude parue il y a quelques jours que l’année 2020 a marqué un véritable tournant pour le véhicule électrique puisqu’il a continué à augmenter ses ventes et ses parts de marché tandis que le marché automobile mondial dans son ensemble était victime de la récession provoquée par la pandémie. Ainsi, l’an dernier près de 3 millions de voitures électriques -en additionnant les modèles 100% électriques à batterie et les hybrides rechargeables- ont été vendus dans le monde (4,6% du total de voitures commercialisées). Les immatriculations de véhicules électriques ont ainsi augmenté de 41% au niveau mondial l’an dernier, malgré la crise de Covid-19 qui a fait chuter dans le même temps de 16% le nombre total de voitures vendues. Et pour la première fois, l’Europe a dépassé la Chine comme premier marché des véhicules électriques en 2020. Toujours selon l’AIE, les consommateurs ont dépensé l’an dernier 120 milliards de dollars dans l’achat de véhicules électriques, une augmentation de 50% par rapport à 2019. Mais les subventions qui ont représenté 14 milliards de dollars l’an dernier «ont baissé pour la cinquième année consécutive en pourcentage des dépenses effectuées».
Au total, il y a maintenant dans le monde plus de 10 millions de voitures électriques sur les routes et environ 1 million de bus et d’utilitaires. «Même s’ils ne peuvent faire tout seuls, les véhicules électriques ont un rôle indispensable à jouer pour atteindre le niveau zéro d’émissions dans le monde», explique Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE.
Deux scénarios
L’AIE explique cette percée de l’électrique par plusieurs facteurs: un renforcement des politiques fiscales et des amendes visant à réduire les émissions de CO2 dans les transports, les subventions et aides massives à l’achat et un nombre accru de modèles de véhicules électriques offerts aux acheteurs associé à une chute continue du coût des batteries. L’AIE souligne que pas moins de 18 des 20 plus importants constructeurs automobiles ont des plans de développement de leurs gammes de modèles électriques.
L’accélération enregistrée l’an dernier a continué en 2021. Les ventes de ces modèles ont augmenté de près de 140% au 1er trimestre 2021 par rapport au 1ertrimestre 2020. Fatih Birol appelle toutefois les gouvernements à profiter des «plans de relance économiques pour investir dans la fabrication de batteries et le développement d’infrastructures de recharge étendues et fiables».
Car la production de batteries et de matières premières permettant de les fabriquer et la question du nombre, de la puissance et de la fiabilité des bornes de recharge sont des obstacles à l’accélération des ventes de véhicules électriques. L’AIE a donc envisagé deux scénarios qui tiennent compte à la fois de ses obstacles, des niveaux d’aides et de subventions à l’achat des véhicules électriques et de la capacité des constructeurs à les produire en grand nombre, à des prix accessibles et si possible en finissant par gagner de l’argent.
Dans le scénario Stated Policies, (la poursuite des politiques actuelles), le nombre des différents véhicules électriques en circulation (voitures, bus, camions) pourrait atteindre 145 millions en 2030, soit près de 7% du parc de véhicules routiers envisagé à cet horizon. Dans le scénario plus ambitieux dit «Sustainable Development» (Dévelopement durable), ce chiffre atteint 230 millions ce qui représente 12% du parc.
En incluant cette fois les deux-roues et trois-roues électriques, l’AIE estime qu’à l’horizon 2030, la mobilité électrique pourrait, au niveau mondial, consommer entre 525 TWh (scénario Stated Policies) et 860 TWh (scénario Sustainable Development) d’électricité par an, contre près de 80 TWh en 2020.